Que veulent réellement dire les prix littéraires ? Un comité qui se réunit pour décerner le prix du meilleur livre dans telles ou telles catégories me laisse souvent perplexe. La lecture étant quelque chose de très personnel, le choix du jury rencontre rarement les faveurs du public (sauf pour les prix prestigieux pour lesquels l’effet médiatique joue un rôle prépondérant). Je fais partie de cette frange de la population qui fait de la résistance aux prix littéraires. Mais, ne dit-on pas qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis? Que dire ensuite si ce prix est décerné pas par des professionnels de la littérature, mais par des gens dont le métier est décrit et encensé dans les livres en question ? Ce curieux mélange donne le "Prix du quai des Orfèvres" qui récompense le meilleur roman policier, en langue française, de l’année. L’heureux gagnant reçoit la somme de 777 euros, et est assuré d’une bonne vente - bénéficiant de plus de visibilité dans les librairies -. Cette année, c'est Maryse Rivière qui remporte ce Graal avec son roman « Tromper la mort ». « Tromper la mort » est le récit d'un libraire sans histoire, qui, après un choc à la tête, se mue en véritable tueur en série. L'homme en question s'appelle Yann Morlaix et son histoire débute avec sa traque dans les catacombes de Paris. Le croyant mort, les policiers bouchent les entrées des catacombes sans se rendre compte que Morlaix a réussi à s'échapper. Ce dernier parvient ensuite à fuir le pays pour l'Irlande avec l'aide de son ami d'enfance Michel Le Bihan, un professeur indépendantiste œuvrant pour la libération de la Bretagne. À ce sujet, on se demande parfois s'il s'agit d'un roman policier ou d’un roman en faveur de l'indépendance de l'Irlande. N'ayant aucune opinion là-dessus, j'aurais souhaité que l'auteure ait la main moins lourde sur ce sujet qui est quand même très récurrent dans son roman. Je n'ai rien contre les romans idéologiques, bien au contraire, mais j'apprécie quand c'est fait avec finesse… Et l'incrustation de mots anglais à tout bout de champ est pénible. Pour la défense de l'auteure, je crois qu'elle voulait initier le lecteur à ce pays beau pays qu’est l’Irlande. Les amoureux de ce pays et de sa culture y trouveront surement leur compte. Mais me concernant, cela ne m'a pas trop donné l'envie d'aller en pèlerinage dans ce pays des mythes et légendes. Quoi qu'il en soit, Yann Morlaix se retrouve dans la bande à Charlie, un mafieux Irlandais, ancien membre de l'IRA (Armée Républicaine Irlandaise). Charlie le prend sous son aile comme homme de main dans sa "multinationale" du crime pour effectuer diverses commissions, notamment le transport de stupéfiants. La nature reprenant toujours le dessus, Morlaix ne tarde pas à faire de nouvelles victimes dans son nouveau pays d'adoption. Les flics du 36, quai des Orfèvres mis au parfum par leurs collègues irlandais s’en voudront de s'être laissé berner aussi facilement par Morlaix. Afin de rattraper leur boulette, ils enverront Damien Escoffier, flic du 36, pour assister la police irlandaise dans la traque du criminel aux poings d'acier. En effet, Morlaix à une prédilection pour la strangulation de ses victimes, de préférences blondes et ayant des prénoms tirés de la mythologie irlandaise. Et comme tout bon psychopathe, Morlaix se sent investi d’une mission : celle de délivrer ses victimes de leurs malheurs ! Le roman présente aussi une dimension religieuse puisqu’après chaque passage à l’acte, Morlaix envoie des extraits du « Livre de Kells » à son ex-femme internée, comme pour confesser son crime… « Tromper la mort » est une enquête policière haletante entre Paris et Dublin, en passant par la Bretagne. Nos supers flics du 36 nous montrent encore une fois à quel point ils sont passionnés. Sous leur vigilance, vous pouvez dormir tranquille braves gens – d’un œil tout de même, car comme dirait Molière, ce sont souvent des médecins après la mort - !