Publié le : 08 juillet 202026 mins de lecture

Après les attentats du 7 janvier, je crois qu’il était nécessaire de prendre du recul afin de traiter correctement les événements. Face à tant de barbarie, une seule question me revenait sans cesse, en boucle : pourquoi tant de haine ?

Les terroristes se réclamant eux-mêmes de groupes islamistes radicaux, je me suis alors demandé ce qu’était la religion ? Les trois grandes religions monothéistes cautionnent-elles ce type d’actes ? Si tel n’est pas le cas, comment des extrémistes justifient-ils leurs appartenances, sans vergogne, à telle ou telle religion pour justifier leurs méfaits ?

C’est alors que je me suis souvenu d’un essai de Michel Onfray, « Traité d’Athéologie », que j’avais lu il y a quelque temps déjà. Je laisserai tout un chacun être le juge du plaidoyer en faveur de l’athéisme, mais ce qui m’intéresse présentement dans ce livre, c’est la biographie très fournie sur les trois grandes religions monothéistes. En effet, Michel Onfray étant un universitaire, ses livres fourmillent souvent de références bibliographiques. Et, n’ayant ni le temps ni l’envie de m’immerger dans les trois grands Livres, puiser mes références dans « Traité d’Athéologie » me convenait très bien. J’espère à mon tour qu’en vous faisant une critique de ce livre, vous apprendrez vous aussi beaucoup de choses sur la religion, sur les religions.

La religion et la raison : Le réel n’est pas, en revanche la fiction si.

Michel Onfray débute son livre « Traité d’Athéologie » par expliquer ce qui selon lui a permis l’émergence de la religion. En effet, la naissance de la religion (mono ou polythéiste) serait due à « la peur, la crainte, l’incapacité à regarder la mort en face ». Aussi, plutôt que d’accepter un réel qui consiste à accepter le néant, le vide, après la mort, les hommes préfèrent croire à des « fables » comme le paradis et autres joyeusetés afin de rendre l’inéluctable plus facile à appréhender. On préfère alors se réfugier dans « la foi qui apaise – plutôt – que la raison qui soucie ».

L’avènement des religions monothéistes à amener, selon l’auteur, au refoulement du vivant pour produire la passion de la mort. Aussi, les grandes religions prêcheraient la haine du monde d’en bas (le réel) au profil du monde d’en haut (utopique et fantasmé). Pour arriver à un tel tour de force, les religions se sont munies de préceptes invitant à la dissociation de la raison et de la religion. Aussi, aucun croyant d’aucune religion n’accepte un débat sur le bien-fondé des enseignements dispensés dans son Livre « car, en déclarant ces deux mondes séparés, la raison renonce à ses pouvoirs, elle épargne la foi, la religion est sauvée ».

D’ailleurs, les religions, quelles qu’elles soient, ne souffrent qu’on leur résiste. Le courroux divin n’est jamais très loin pour mettre à mort la Raison, l’Intelligence et l’Esprit Critique, selon l’auteur. Il poursuit, en citant la Genèse, qui invite les fidèles à se contenter de croire et d’obéir, le Coran qui invite à la même chose, d’ailleurs le mot musulman signifie étymologiquement « soumis à Dieu et à Mahomet ».

Aussi, depuis des siècles, on aime mieux la soumission à la Loi, donc aux prétendus dépositaires de la parole divine, plutôt qu’à la Pensée, au Raisonnement et à la Connaissance. Le Coran et la Torah vont d’ailleurs plus loin en détaillant de façon millimétrique le quotidien de leurs fidèles. Les usages de la table, les comportements au lit, les récoltes des champs, la texture et les couleurs de la garde-robe, l’emploi du temps heure par heure… tout y passe. Yahvé aurait d’ailleurs explicitement demandé à Moïse de veiller au respect scrupuleux de ces règles – Lévitique (XXI, 16).

Cette haine de l’intelligence des religions monothéistes a conduit à une régression de l’humanité selon l’auteur. Et de rappeler les innombrables scientifiques condamnés, et parfois guillotinés, par le Clergé parce qu’ils véhiculaient des « pensées dangereuses » au gout de l’Église. Galilée représenterait l’emblématique « haine de l’Église pour la science et du conflit entre Foi et Raison », écrit Onfray.

Les trois livres s’accordent sur cette haine de la science : transformisme ? Évolutionnisme ? Inconnu au bataillon. Les sciences sont acceptées uniquement si elles servent le fait religieux.

Le dernier dieu disparaîtra avec le dernier des hommes, selon l’auteur, car c’est ancré dans l’imaginaire populaire que « si Dieu n’existe pas, alors tout est permis ».

L’origine des trois Livres

La date de parution des trois Livres est inconnue ainsi que les péripéties de leur établissement. Les tenants des religions maintiennent volontairement le flou et mettent en garde quiconque s’intéressant de trop près à cette question. Ce qui permettrait d’entretenir le mythe selon lequel ces Livres auraient des origines divines.

La Bible est un ouvrage composé par divers auteurs et relève d’une composition historique selon l’auteur. Je vous conseille d’ailleurs l’excellent livre d’Emmanuel Carrere – Le royaume (Edition P.O.L, 2014). Aucun évangéliste n’a connu personnellement Jésus. La haine judéo-chrétienne de soi, du monde et du corps serait l’œuvre de Paul de Tarse qui aurait détourné l’enseignement initial de Jésus. Le premier corpus de la Bible chrétienne voit le jour sous l’empereur Constantin sous la plume d’Eusèbe de Césarée à partir vingt-sept versions dans la première moitié du VIe siècle. Le corpus définitif est établi par le concile de Trente en 1546, à partir de la Vulgate, elle-même issue de la traduction d’un texte hébreu, par saint Jérôme, entre le IVe et Ve siècle.

Les juifs mettent autant de temps à établir leur corpus. Certains textes de la Torah dateraient du XIIe siècle avant J.-C. Vers l’an 100, les rabbins fixent le détail de la Bible hébraïque. Au début du IIIe siècle, ils calligraphient sur des rouleaux l’enseignement de la Torah (la Mishna). Vers 500, des rabbins émigrés de la Palestine achèvent le Talmud de Babylone, un commentaire de la Mishna. Mais ce n’est qu’en l’an 1000 que le texte de la Bible hébraïque est définitivement fixé.

C’est également à cette période que les musulmans établissent une version définitive du Coran à partir de plusieurs versions. Pour cela, il a fallu confronter des dialectes, unifier la syntaxe, séparer versets abrogeant et versets abrogés pour « éviter une incohérence trop criante ». Mahomet n’aurait pas écrit le Coran, le livre aurait vu le jour « en tant que tel seulement vingt-cinq ans après sa mort ». Comme les chrétiens avec la résurrection de Jésus et la Vierge Marie, les musulmans ont choisi, eux aussi, de mettre dans le Coran une sourate « imprudente » affirmant que le Coran provient directement d’Allah (IV, 82). Pour preuve, ils avancent l’inexistence de contradictions dans le livre divin qui aurait été dicté sur vingt années, à la Mecque et à Médine. Michel Onfray s’évertue d’ailleurs à déconstruire ce mythe avec des exemples bien concrets. Les Hadiths dateraient du IXe siècle soit deux siècles après la disparition du Prophète. Marwan, gouverneur de Médine à l’époque, récupère et fait détruire les versions existantes afin d’en garder une seule pour éviter toute confrontation historique.

Les paroles divines que les fidèles revendiquent en tant que telles auraient donc des « origines très humaines ». Les trois Livres monothéistes auraient le don de la contorsion. Ainsi, le même livre permettrait de justifier deux hommes évoluant aux antipodes de l’humanité : l’un tendant vers la sainteté et l’autre vers la barbarie.

En effet, les contradictions dans les Livres permettraient de dédouaner le barbare aussi bien que le saint. Pourtant, les adeptes des religions sont souvent prompts à remarquer la paille dans l’œil du voisin sans se soucier de la poutre dans le sien. « La tolérance n’est pas leur vertu première », écrit Onfray.

Ainsi, mollahs et ayatollahs tâchent de donner du sens et de la cohérence à des textes contradictoires en jonglant avec les sourates, les versets et les milliers de hadiths conduisant à des situations incongrues et des interprétations parfois farfelues.

Vous avez dit amour du prochain ?

Toutes les trois grandes religions monothéistes prêchent la paix, la non-violence, l’amour du prochain, la tolérance… Tout le contraire de guerre, violence, peine de mort, Croisades, Inquisition, colonialisme, jihad.

Étymologiquement, jésus signifie « Dieu sauve, a sauvé, sauvera ». La religion chrétienne est une religion très spirituelle au départ et fondamentalement non violente comme le laisse penser la parabole de l’autre joue tendue pour un coup donné à une joue (Matthieu, V, 39 ou Luc, VI, 29). Mais la colère christique s’abattant sur les marchands du Temple, chassés à coups de fouet (Jean II, 14), laisse songeuse. Le même Jésus qui refuse de rendre coup pour coup, chasse violemment des marchands accusés de faire du commerce devant la maison de son Père. À cause de cet acte, on justifie « les Croisades, l’Inquisition, les guerres de Religion, la Saint-Barthélemy, les bûchers, l’Index, mais aussi le colonialisme planétaire, les ethnocides nord-américains… », écrit Onfray. Ce n’est pas tout, ce même Jésus qui prône la non-violence, maudit les pharisiens et scribes hypocrites (Luc XI, 42-52), promet l’Enfer aux individus qui ne croient pas en lui (Luc X, 15), déclare que qui n’est pas avec lui est contre lui (Luc XI, 23) ou encore quand il dit être venu non pas pour la paix, mais pour le glaive (Mat. X, 34). Il en fallait peu à Constantin, le chef de guerre auto-proclamé treizième apôtre, pour mettre sur pied un Empire totalitaire qui édicte des lois violentes à l’endroit des non-chrétiens. Dès 380, les non-chrétiens sont condamnés à l’infamie, et pendant ce temps, les chrétiens pillent, ravagent et persécutent les païens…

« Au nom de Dieu : celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux » (I, 1). Le Coran comporte cent vingt-quatre sourates qui, à l’exception de la neuvième, commencent toutes par cette phrase. La tradition islamique donnerait quatre-vingt-dix-neuf noms à Dieu, le centième étant révélé seulement dans la vie future. Parmi ces noms, certains interpellent : celui qui avilit – Al-Mouhill –, celui qui fait mourir – Al-Moumit –, le vengeur – Al Mountaqim –, celui qui peut nuire aux personnes qui l’offensent – Al-Darr. L’histoire aurait pu s’arrêter là – après tout, ce ne sont que des noms – sauf que Mahomet est décrit comme un brillant stratège et tacticien de guerre (VIII, 30) utilisant la ruse – qui est une vertu des cyniques – avec brio (III, 54). Il n’hésite pas à recourir à la violence et décide de la mort (II, 156), réserve des châtiments exemplaires aux incrédules (IV, 102), Maître de la vengeance (V, 95 et III, 4), anéantit les mécréants (III, 141), invite à tuer les incrédules (VIII, 39) et les polythéistes (IX, 5), mais leur offre aussi l’asile (dhimma) (IX, 6) – Sous réserve de payer un impôt (jizya) ; mais, miséricorde oblige, célèbre aussi le pardon (VIII, 199), l’oubli (V, 13) et la paix (XLVII, 29). Michel Onfray cite également une sourate qui sert souvent de refuge aux adeptes modérés de l’islam : « tuer un homme qui n’a pas commis de violence sur terre, c’est tuer tous les hommes, de même en sauver un seul, c’est les sauver tous (V, 32) ». Ceci ferait de l’islam une religion de paix. Il faudrait alors faire abstraction des sourates suivantes : interdiction de se marier avec un non-musulman (III, 28) ; interdiction de prendre pour amis des juifs ou des chrétiens (V, 51), mais permission pour les hommes d’épouser une femme pratiquant la religion des deux autres Livres (V, 5). Au travers de ces différents versets du Coran, on voit bien qu’on peut prôner soit un islam modéré tendant vers la paix et l’amour du prochain, soit un islam fondamentaliste visant à détruire tout ce qui n’est pas dans la communauté !

Fermons cette partie sur la bonté du cœur avec la Torah. On se souvient tous des dix commandements, remis à Moïse par Yahvé sur le mont Sinaï. Le cinquième commandement, le plus célèbre, disait en substance : « Tu ne tueras pas » (Deut. V, 17). Le même Yahvé, quelques versets plus loin, justifie l’extermination, par les juifs, de pas moins de sept peuples à majorité originaires de la région correspond à l’actuelle Palestine – Canaan -(Deut. VII, 1). Ensuite (Deut. VII, 6), il annonce que les juifs sont le peuple élu, choisi par Dieu, contre tous les autres, malgré tous les autres. Cela serait à l’origine de la légitimation de la colonisation par les Juifs selon l’auteur. Puis plus loin, il est question de l’extermination du peuple de Canaan, « tout doit passer au fil de l’épée (Jos. VI, 21) ». Cela serait « le premier génocide » depuis l’avènement du monothéisme d’après Onfray. L’auteur poursuit en dénonçant la nature résolument guerrière de certains passages de la Torah. Ainsi, la lecture correcte de « Tu ne tueras pas » serait plutôt, « toi, juif, tu ne tueras pas de juifs ». En revanche, massacrer les « non-juifs, les goys … ne relève plus des dix commandements ». Par cela, la Torah invente l’inégalité éthique, ontologique et métaphysique des races, selon l’auteur. Et bien sûr, illégalité du mariage avec un non-juif.

Les religions monothéistes partageraient une culture de mort, de haine, de mépris et d’intolérance. Aussi, « à cause de l’existence de Dieu tout est permis » au nom d’un Dieu miséricordieux.

De la haine des femmes

Les trois grandes religions partageraient un autre point commun : la haine des femmes et du féminin. Cette haine de la femme serait-elle « la conséquence logique de la haine de l’intelligence ? », se demande Onfray. En effet, l’histoire du jardin d’Eden, commune aux monothéismes, nous enseigne que le péché originel proviendrait de la volonté de savoir de Eve, malgré les mises en garde de Dieu, ce qui conduira l’humanité à l’exil forcé du jardin d’Eden. Depuis, pour elles, point de répit sur terre. Et comme au ciel, elles feront parties de ces éternelles vierges que les heureux élus auront tout loisir de déflorer encore et encore, point de salut pour elles même au royaume de Dieu. Il faut ajouter à cela « la haine de tout ce qu’elles représentent pour les hommes : le désir, le plaisir, la vie ».

À cause de ce péché originel, les trois Livres ne sont pas tendres envers nos semblables féminins. Droit d’ainesse oblige, ouvrons le bal avec le judaïsme. Dès la prière du matin, qui invite chaque homme juif à bénir Dieu, le fidèle est invité à remercier son Seigneur de « l’avoir fait juif, non-esclave et … pas femme (Men. 43b) ». Bah oui, la femme a été créée accessoirement, à partir de la côte d’Adam (Gen. II, 22). Interdiction pour les femmes d’étudier la Torah et bien sûr soumission à son mari.

On enchaîne avec le Coran. La femme a été créée secondairement (sourate III, 1), supériorité des mâles sur les femelles, car Dieu préfère les hommes aux femmes (IV, 34), interdiction de laisser ses cheveux à l’air libre, port du voile (XXIV, 30), posséder plusieurs épouses (IV, 3), invitation à se soumettre à tous les désirs sexuels du mari – qui laboure sa femme à volonté, comme sa terre (II, 223), légitimation des coups portés à sa femme en cas de suspicion (IV, 34).

En plus des « traditionnelles » soumissions, la misogynie catholique franchit une étape supplémentaire quand ils vont jusqu’à discuter au concile de Mâcon, en 585, d’un livre intitulé « Dissertation paradoxale où l’on essaie de prouver que les femmes ne sont pas des créatures humaines » d’un certain Alcidalus Valeus…

Les grands perdants de l’histoire : laïc, polythéiste, athée et « peuples primitifs »

Rendons à César ce qui lui revient de droit. Les juifs sont les premiers à s’adonner au monothéisme, mais ce sont aussi les premiers à inventer le concept de guerre sainte avec l’extermination des Cananéens (Ex. XXIII, 23). Il s’agissait ici d’une « guerre totale » n’épargnant ni femme, ni enfant, ni vieillard, ni animal et encore moins les hommes (Ex. XII, 12). Lors de cette guerre pour la conquête de l’actuelle Palestine, Yahvé se propose même d’arrêter le soleil afin que les Hébreux aient le temps d’exterminer leurs ennemis amorrites (Jos. X, 12-14).

Les trois religions monothéistes sont toutes également en faveur de l’esclavage. La traite des noirs, l’humiliation, l’exploitation, le servage, le commerce des hommes, des femmes et des enfants; les génocides, les ethnocides des conquistadores. Dans le domaine, les chrétiens vont exceller. Les conquêtes ethnocidaires des peuples dits primitifs sont un concept très chrétien sans compter les guerres coloniales pour évangéliser tous les continents. D’ailleurs, en dehors de leur coreligionnaire, l’Autre n’est jamais rien d’autre qu’une bête de somme qu’on peut arraisonné et traité comme un objet, écrit Onfray. « Le goy pour le juif, le polythéiste, l’animiste pour le chrétien, le juif, le chrétien pour le musulman, l’athée pour tous, bien sûr ». La malédiction de Noé (Genèse IX), ivre mort qui, dégrisé, apprend que son fils l’a surpris nu dans son sommeil, s’étend à tout un peuple – Canaan pour ne pas le citer. Il se trouve que les Cananéens ne sont autres que les descendants de Cham, le fils en question. Ce texte biblique a justifié pendant des siècles l’infériorité de certains peuples. Le médecin et anthropologue britannique, Charles Gabriel Seligman, avance alors une théorie nauséabonde expliquant la supériorité de la race caucasienne sur la race hamitique – regroupant les populations d’Afrique du Nord, la corne de l’Afrique, l’Arabie du Sud, l’ancienne Égypte -, mais aussi les Sémites, elle-même supérieure aux populations d’Afrique noire, permettant ainsi à des esclavagistes de s’en donner à cœur joie et créant de fait une race d’esclave ! Les chrétiens poussent le vice encore plus loin avec Augustin qui avance que l’esclave doit servir son maitre avec dévolution pour espérer entrer un jour au paradis ! Les musulmans ne sont pas en reste, ils ont pratiqué l’esclave et le Coran ne l’interdit pas. D’ailleurs, on doit à l’islam l’invention du commerce des esclaves, soutient l’auteur. En l’an mil, un trafic régulier existe entre le Kenya et la Chine, soit neuf siècles avant la traite transatlantique. On estime « à dix millions d’hommes déportés sur mille deux cents ans par les fidèles d’Allah le Miséricordieux, le Très Grand, le Très Humain », écrit l’auteur. On comprend mieux l’attitude de certains noirs qui ne se réclament d’aucune des 3 religions monothéistes et regardent avec incrédulité les extrémistes noirs chrétiens tout comme musulmans se faire la guerre pour défendre leur Dieu…

Impérialisme des 3 Livres

L’Église catholique, apostolique et romaine excelle dans la destruction de civilisations, selon Onfray. On se souvient de la conquête du Nouveau Monde, mais aussi des ethnocides qui suivirent. Tout est bon pour conquérir de nouvelles terres, quitte à tuer, brûler, piller… car il y a toujours des missionnaires qui passeront derrière pour purifier la terre, la Foi est donc sauve !

Les musulmans ne sont pas en reste. Avec l’accession de l’ayatollah Khomeyni au pouvoir, après la chute du shah d’Iran en 1978, le monde musulman a basculé. On utilise désormais le Coran et les hadiths du Prophète pour imposer la charia, gouverner les esprits, les corps et les âmes, selon Onfray. Fini le religieux pour soi, avènement de la religion pour autrui, poursuit-il. Éloge du jihad, justifié par près de « deux cent cinquante versets » (sur un total de six mille deux cent trente-cinq). Paix, amour et miséricorde, mais uniquement pour les membres de l’umma (la communauté musulmane). L’ayatollah Khomeyni présente lui même l’iman comme un guide spirituel, mais aussi politique. « Lui seul dispose du monopole de la lecture correcte du livre saint ». Dès lors, si on prend le cas de la France, il ne peut y avoir que des tensions. D’un côté, vous avez une institution imbibée de tradition judéo-chrétienne et de l’autre vous avez une religion qui est une institution en elle-même…

Le peuple juif, quant à lui, a souhaité n’établir sa domination que sur un territoire, son territoire, sans jamais viser autre chose.

Alors quoi ?

Alors est-on condamné ? Le refus du cynisme à l’Occidental nous condamne-t-il à choisir la barbarie des extrémistes ?

Que Dieu existe ou pas, là n’est pas la question, il est dommage que des fidèles des trois religions monothéistes se voient confisquer leur religion par de prétendus dépositaires de la parole divine qui choisissent sciemment les passages prônant la haine, la destruction et l’anéantissement. Ces invites, bien qu’existant dans les 3 Livres, sont finalement minoritaires par rapport aux passages invitant à l’amour du prochain, à l’altruisme, à la bonté. Est-il encore possible de rêver d’un monde où « l’Autre ne s’y penserait pas comme un ennemi, un adversaire, une différence à supprimer » ?

Sous couvert de religion, je soupçonne fortement certains groupes mafieux de couvrir leurs méfaits. Les textes religieux sont rarement interprétés de façon universaliste. La bonté est associée aux membres de sa communauté et la fureur, le courroux à tous les autres. Il serait temps qu’on arrête de faire payer au Peuple « les frais de la perfidie théocratique ». Les prétendus guides spirituels ont à disposition, pour leur plus grand bonheur, des miséreux qui n’ont plus beaucoup à perdre. Le nord du Nigeria avec Boko Haram, le nord du Mali, le sud de l’Algérie, les banlieues françaises… voilà des endroits où les difficultés s’accumulent et où les politiques ont échoué à intégrer parfaitement les individus à la société. Ces types d’endroits constituent, et ont toujours constitués, un terreau fertile pour les intégristes de tout bord. Les politiques doivent prendre leur responsabilité et s’occuper de ces populations. Cette haine viscérale de la France ne peut pas être uniquement à cause d’une divergence de religion. Il y a, je pense, un malaise plus profond dans la société française.

Pour finir, que ce soit à l’égard de cette critique ou des morceaux de versets que l’on vous présente, tacher de voir les choses de loin et méfiez-vous des morceaux choisis !

Nous avons bien évidemment une pensée pour les policiers, les civils et les dessinateurs de Charlie Hebdo tombés à cause de la bêtise humaine. Aux partisans de la théorie du complot, je vous demande un peu de décence à l’égard des familles des victimes. Si vous rejetez tout en bloc, admettez au moins que des gens sont morts parce qu’ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment, parce qu’ils étaient dans l’exercice de leurs fonctions ou parce qu’ils s’amusaient à dessiner. Un peu de compassion, que diable !