Publié le : 09 juillet 20204 mins de lecture

Nous sommes nombreux à avoir vu des films, dessins animés et autres bandes dessinées sur le naufrage de Robinson Crusoé sur l’île de l’espérance ou du désespoir (suivant l’auteur), mais le livre de Michel Tournier est le premier roman que je lis à propos de cette histoire. Ce livre intitulé « Vendredi ou la vie sauvage » est une adaptation de son roman précédent « Vendredi ou les limbes du Pacifique », lui-même adapté du roman de l’anglais Daniel Defoe « Robinson Crusoé » paru en 1719. Vous suivez toujours ? Bien.

On retrouve donc Robinson Crusoé à bord de la Virginie en route vers le Chili. Malheureusement, son bateau fait naufrage et tout l’équipage meurt excepté lui et un petit chien, Tenn. Robinson passe donc de très longues journées de solitude sur une île déserte qui baptisa « Speranza », naviguant entre désespoir total et tentative d’évasion de l’île. Cette partie du livre tend, à mon sens, à dénoncer les travers d’une société dite « civilisée » avec cette envie de tout maîtriser, tout contrôler, tout domestiquer. On y dénonce la paresse, le découragement, l’oisiveté et pourtant les millions de personnes qui se réveillent chaque matin pour aller travailler, bien que n’étant pas paresseux ils ne semblent pas heureux non plus, esclaves des envies créées par la société et le petit boulot morne et terne nécessaire pour assouvir ces envies.

« La pauvreté prive un homme de toute vertu : il est difficile à un sac vide de se tenir debout. »

« Si le second vice est de mentir, le premier est de s’endetter, car le mensonge monte à cheval sur la dette. »

Robinson passe lui-même par quelques péchés capitaux avant de se ressaisir. Il s’auto nomme gouverneur de Speranza et promulgua des lois pour le bon fonctionnement de l’île. Il ne tardera pas à appliquer ces lois sur un indien qu’il sauvera d’une mort certaine. Il nommera ce dernier « Vendredi », qui correspond au jour il l’avait recueilli.

La deuxième partie du livre est consacrée à la civilisation du « sauvage ». Robinson va ainsi apprendre à Vendredi l’anglais, le gout de l’effort (en gros, il le transforme en esclave) et la pudeur si chère aux Britanniques. Jusqu’au jour où notre indien, civilisé donc, va faire voler en éclat tout ce que Robinson avait durement construit depuis son naufrage sur l’île. Robinson, privé de ses outils modernes et de son organisation quasi militaire, laisse maintenant Vendredi mener la danse. Ce dernier apprend à son ancien maître comment on peut vivre en harmonie avec la nature, travailler pour vivre et non pas vivre pour travailler et surtout les bienfaits de l’oisiveté. Robinson ne tarda pas à y prendre gout d’ailleurs.

La vie suivait tranquillement son cours, lorsqu’un jour un bateau anglais, le Whitebird, accosta aux abords de l’île. Il passait par là par le plus grand des hasards et l’équipage ne voyait aucun inconvénient à délivrer Robinson de sa vie sauvage et de solitude. Ce dernier ayant trop pris gout à sa vie sur l’île ne voyait maintenant que les travers de la société civilisée qu’il glorifiait avant. Il dut prendre une décision difficile que je vous laisse découvrir dans le livre. Vendredi prendra lui aussi sa décision fatidique qui l’arrachera de son paradis pour le conduire directement en enfer, mais ça, il ne le savait pas encore.

« Dans un groupe d’hommes, celui qui ne ressemble pas aux autres est toujours détesté » et Vendredi allait en faire l’expérience une seconde fois !